samedi 4 février 2012

De l’usage de la polémique en général et des médias sociaux en particulier : le cas du Mediator de Servier

Sujet ultra sensible à en voir le buzz qui tourne sur internet depuis des mois, l’affaire du Médiator déchaine légitimement les passions. Ce qui est moins agréable, c’est lire les multiples invectives, les injures, la haine, le dénigrement, tout cela sans réel fondement.
Nous en avons fait l’expérience après notre précédent papier « Vers un Outreau de la santé et du médicament dans l’affaire du Mediator ». A chaque invective reçue, il nous a suffit de demander des preuves, des faits concrets pour que toute discussion objective et raisonnée s’interrompe. Même notre brave médecin de campagne n’a pas donné suite, confronté à ses propres contradictions. Même le « community manager » d’un laboratoire concurrent de Servier ne répond plus aux demandes répétées de preuves et d’argumentation. L’art de la polémique passe par là.

Chacun est convaincu que ses jugements sont le fait de lui-même. Rien n’est moins faux. Tous nos comportements et nos attitudes sont presque toujours faussés par des influences perverses, ou « sournoises » pour reprendre l’expression de Jean-Léon Beauvois. « Répétez 10000 fois que le soleil se lève à midi » et vous aurez bientôt 80% du public qui acceptera cette idée fausse. Parce qu’il en coute plus de lutter contre la majorité que de faire allégeance au groupe. Effet moutonnier en psychologie sociale, les détracteurs des Laboratoires Servier sont victimes de cet effet. Comment accepter l’erreur de jugement ? Impossible. Comment revenir sur ses propos ? Impossible. Car si notre brave médecin de campagne revient sur ses erreurs, il reconnaîtra implicitement qu’il s’est trompé… Pourtant avec un tout petit d’effort, tout est là, sous la main, les faits, les images, les vidéos, les témoignages. Mais le prisme déformant, ce biais cognitif, empêche toute capacité de discernement. Les journalistes sont dans le même cas. Pensez-vous qu’un jour Anne Jouan du Figaro sortira un papier pour « démontrer que l’affaire était plus compliquée qu’il n’y paraissait et que, bon, tout compte fait, on s’est un peu trompé mais c’était pour la bonne cause ». Non, bien entendu. Bien peu de rédactions sont revenues sur les errements de jugement, les anathèmes et les condamnations dans l’affaire d’Outreau. Aujourd’hui, elles prennent le même chemin dans l’affaire du Mediator. Au lieu de présenter des faits, de les mettre en perspective, de peser le pour et le contre, des journalistes se substituent au juge et au policier, contrairement à tout l’esprit de notre charte d’éthique journalistique. La justice passera un jour ou l’autre dans cette affaire du Mediator. N’en doutons pas. Chacun l’espère. Chacun espère que toutes les responsabilités seront clairement identifiées, du ministre de la santé à notre médecin de campagne.

A force d’entendre Irène Frachon répéter le même discours alors qu’elle écrit par ailleurs que seuls trois cas cliniques ont été identifiés, à force de l’entendre dire qu’elle est en dehors de tout conflit d’intérêt alors qu’elle avoue avoir travailler pour GSK, -même chose pour le député Bapt-, et ce qui par ailleurs reproché à tous les scientifiques qui ont travaillé un jour ou l’autre pour Servier, tout le monde s’est convaincu que c’était vrai. Et ces idées reçues circulent à toute vitesse sur internet. Reprises, déformées, amplifiées, répétées à l’infini, elles deviennent vérité. Sans jamais être justifiées.

Les médias sociaux sont devenus le siège des rumeurs, de la flatterie gratuite, des idées superficielles, de la dérision, de l’émotion. Devant cette ivresse de nouveauté et d’expression, tout peut être dit. Ou presque. Pas certain que la vérité y gagne…

Sources :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/vers-un-outreau-de-la-sante-et-du-109003?debut_forums=0#forum3208852
http://www.puf.com/wiki/Auteur:Jean-L%C3%A9on_Beauvois
http://www.ancienscfj.com/actualite/459-la-charte-d-ethique-professionnelle-des-journalistes-actualisee-recemment-par-le-snj.html
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21714428
http://www.youtube.com/watch?v=eNLOY8AbBiI&feature=youtu.be

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