lundi 23 avril 2012

L’affaire du Mediator : réflexions sur l’approximation


Il y a une chose curieuse dans cette affaire du Mediator, c’est la succession d’incertitudes, d’erreurs et de jugements de valeurs : détournement de fond d’une association d’aide aux victimes, vraies-fausses perquisitions « révélées » par des médias, les vraies-fausses détentions de salariés de chez Servier, les « secrets » de l’instruction dévoilés dans les colonnes du Figaro, les témoignages de visiteurs médicaux extirpés de leurs retraites, les ressentiments de responsables licenciés pour faute professionnelle qui se vengent de leur ancien employeur, le nombre de témoins qui passe de 80 à 4, le nombre de dossiers de victimes qui fond comme neige au soleil (à peine 60 dossiers recevables sur les plus de 3000 dossiers médiatisés ?

Où est donc la vérité dans tout se fatras d’approximations ? Comment croire, en analysant le plus objectivement possible les faits, qu’il n’y a pas, derrière tout cela, une volonté de nuire, une volonté de désinformer, une stratégie systématique de dénigrement contre une entreprise ? Comment ne pas croire que tous ceux qui balancent comme une ritournelle cette affaire de décoration de la Légion d’honneur remise par Nicolas Sarkozy à Jacques Servier, ne sont pas envahis pas une volonté de nuire, une haine gratuite ? A longueur de réseau social, ce sont toujours les mêmes preneurs de parole qui dénigrent sans jamais rien démontrer. Puisant leurs informations dans le feu roulant des dépêches d’agence qui  ne cessent d’amplifier des erreurs (lire les fameuses inculpations de salariés de Servier mis en garde-à-vue pour destruction de preuves), les opposants, sous couvert de défendre la santé de leurs concitoyens, utilisent toutes les tactiques pour… Pour quoi au juste ? Essai de discernement :

  • Toucher des indemnités ? Mais l’ONIAM montre les difficultés à constituer des dossiers solides et étayés ; 
  • Défendre un laboratoire plus qu’un autre ? A qui profiterait la mise à mort des Laboratoires Servier ?
  • Accomplir une stratégie politique personnelle ? Qui doit se protéger d’avoir signé plusieurs autorisations de mises sur le marché du Mediator ?

Ainsi, avec un peu de bon sens, et en espérant que la justice fasse son travail, chacun peut espérer d’y voir plus clair. Tant les victimes, que les laboratoires Servier et l’opinion publique en général. Et en espérant que les débats ne seront pas pollués par d’autres fausses rumeurs, faux témoins…

mercredi 18 avril 2012

Pourquoi nous serons tous déçus après les élections

N'en doutons pas, nous serons tous déçus aprés les deux tours des élections présidentielles. Tout d'abord il n'y a rien de vraiment nouveau dans les programmes de tous les candidats. Vraiment rien. Chacun ressort les mêmes ficelles, les mêmes solutions miracles, comme si chaque candidat vivait dans une bulle franco-française. Les supporters de François Hollande seront déçus comme ceux autrefois de François Mitterrand et ses 101 promesses. Ces promesses qui n'engagent que ceux qui les croient, sont aussi dans le programme de Sarkozy. Et il n'y a encore une fois rien de nouveau. Mais ce n'est pas si nouveau comme constat.
Ensuite il n'y a aucune vision réaliste de notre pays. Chaque candidat se projette sur les cinq prochaines années. Et au delà ? Quel est celui qui voit notre pays à l'horizon 2030 ? Ou plus ? Personne. Bien sur il y a Melenchon et Le Pen. Mais qui croira qu'ils seront capables de déjà passer le 1er tour. Bayrou est l'éternel looser même si parfois il a des intonations de chef d'état. Oui c'est bien cela qui manque : un chef d'état, pas un concurrent à l'Elysée.
Enfin, parce que, en France, la politique est un métier et que nous reverrons ressortir toujours les mêmes têtes et les mêmes formules. Pitoyable, affligeant. Nous verrons ressortir les mêmes affaires, hier celles qui embêtaient Sarkozy, demain celles qui embêteront Hollande ou un autre. Ils ont tous des casseroles.
Alors dimanche faut-il aller voter ? Bien sur, mais pour qui ou pour quoi ? C'est une page blanche qui reste à écrire.

lundi 2 avril 2012

Protelos : AFSSAPS et EMA, même combat ?


Au mois d’octobre 2011, l’AFSSAPS, sous l’autorité de son directeur général, le Professeur Dominique MARANINCHI, diffuse une lettre aux professionnels de la santé. Dans cette correspondance, l’AFSSAPS .met en garde les médecins prescripteurs et les pharmaciens sur l’utilisation du ranélate de strontium (Protelos@) chez les patientes ménopausées ostéoporotiques.
Rien d’inhabituel dans cette publication, si ce n’est la multiplication de précautions rhétoriques du directeur de l’AFSSAPS. Il est vrai que l’affaire du Mediator est passée par là et que l’AFSSAPS avait montré ses limites, voire sa totale inefficacité dans la pharmacovigilance.
L’AFSSAPS insiste donc largement sur les effets indésirables du Protelos, presque un peu trop tant l’institution souhaite se prémunir. Le principe de précaution joue à fond… Certes, on ne peut reprocher aujourd’hui  à l’AFSSAPS, son rôle de vigilance. Néanmoins, quand on sait que le Protelos est fabriqué par les laboratoires Servier, la lecture de cette lettre prend une tout autre saveur…
« Surveillance renforcée », « précaution d’emploi », « effets indésirables majeurs », « persistance d’effets indésirables majeurs », le vocabulaire employé traduit assez bien la dangerosité supposée du médicament. D’ailleurs, l’AFSSAPS demande à l’Agence Européenne du Médicament (EMA) "une réévaluation internationale du rapport bénéfice/risque du Prolelos." C’est-à-dire, compte tenu des attendus de l’AFSSAPS, une réévaluation négative du médicament…
Le problème, c’est que l’EMA a répondu à la demande de l’AFSSAPS, mais pas tout à fait dans le sens voulu.
Le 15 mars 2012, l’EMA met en ligne un questions-réponses assez clair… Le 16 mars, l’institution européenne diffuse un communiqué de presse, dans lequel, je cite, "l’EMA confirme le rapport bénéfice/risque positif du Protelos. A la suite d’une réévaluation approfondie des données scientifiques disponibles, l’agence européenne a confirmé l’efficacité de Protelos dans la réduction du risque de fractures vertébrales et de la hanche. L’indication reste inchangée : "Traitement de l’ostéoporose chez la femme ménopausée. Protelos réduit le risque de fractures vertébrales et de la hanche." Les prescriptions d’emploi ont été renforcées", souligne par ailleurs l’EMA.
Si on s’en souvient bien, les laboratoires Servier avaient été mis en accusation sur le Protelos par le journal Libération, à l’époque déjà largement partie prenante contre le laboratoire dans l’affaire du Mediator et qui avait ouvert largement ses colonnes au député Bapt et à Irène Frachon, porte-drapeaux anti-Servier.
Tout a été retenu contre Servier : conflit d’intérêts, dissimulation, mensonges…
L’EMA, en confirmant l’importance du Protelos, balaie d’un trait de plume l’ensemble des partis pris contre les laboratoires Servier. L’EMA, en soulignant le bénéfice/risque positif du médicament, renvoie l’AFSSAPS à beaucoup plus de prudence.
Enfin, il faut lire l'excellent billet de docteur du 16,  Haro contre Servier : l'arbre qui cache la forêt. Les conflits d'intérêts ne sont pas forcément là où on les attend...