dimanche 10 juin 2012

Le lobbying de Sanofi : entre efficacité et morale ?




Le club des Trente est un cercle qui regroupe les directeurs financiers de très grandes entreprises françaises. Chaque année ce club remet un prix qui couronne la meilleure opération financière de l’année. A l’occasion de la 12ème édition, le club récompense le groupe Sanofi pour la fusion/acquisition (OPA) à 20 milliards de dollars sur Genzyme. Appuyé par BNP Paribas, JP Morgan, Morgan Stanley, la Société Générale, tous fossoyeurs de l’économie mondiale mais tous exonérés d’une quelconque poursuite judiciaire pour les milliards d’euros engloutis, Sanofi se régale de cette distinction. Son directeur financier, Jérôme Contamine, explique la méthode : « Il convient tout d’abord de trouver une cible stratégiquement structurante et affaiblie. Ensuite, il convient de la déstabiliser en mettant la pression tout en tenant les positions financières. Le prix de l’OPA n’a été relevé qu’une fois en un an. Puis nous avons du économiser les munitions en payant avec des contingent value right indexés sur des performances qui n’ont pour l’instant pas été atteintes. Enfin, il convient de se montrer altruiste et magnanime. Nous allons éviter de Sanofiser les Genzyme, même s’ils sont 10.000 et nous 100.000. » Magnifique ! Le tentaculaire groupe pharmaceutique absorbe, se développe, grossit dans la plus grande ignorance des médias. On se demande si les concurrents ont une idée de cette superpuissance.

A quelques jours de cette remise de prix, une autre encore (ah, comme nous aimons les récompenses en France !), cette fois décernée par l’institut Choiseul, un think tank de la place de Paris et qui s’identifie comme la connaissance au service de l’influence. Dans son communiqué du 5 juin, l’institut Choiseul décerne ses trophées des diplomates d’entreprise, autrement dit des meilleurs lobbyistes. Dans la catégorie Entreprise, nous remarquerons la 3ème place de Philippe Tcheng, directeur des affaires publiques et gouvernementales de Sanofi. Philippe Tcheng est entré dans le groupe Sanofi en 1991, docteur en Médecine, ancien Interne des Hôpitaux de Paris, spécialiste des maladies du cœur et des vaisseaux et diplômé de l’ESCP. Il est, par ailleurs, administrateur et Vice Président du LEEM (les entreprises du médicament) dont le groupe d’intérêt est également représenté à l’Assemblée Nationale. Le LEEM est également dirigé par M. Lajoux, directeur stratégique de Sanofi…

Tout cela pour dire qu’aujourd’hui, le lobbying s’exerce dans toutes les directions et qu’il y a peu de place pour la controverse ou la concurrence. Et même si notre pays déteste la notion même de lobby à l’anglo-saxonne, nous avons rapidement rattrapé notre retard avec nos groupes d’intérêts. Quant à l’éthique des affaires ou la morale : bof…

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