dimanche 26 janvier 2014

Une déontologie des médias ?



Les récents démêlés de la présidence de la République avec l’affaire de la prostate, de la couverture de Closer, de la séparation du couple présidentielle, posent une nouvelle fois la question de la création d’une instance de déontologie des médias afin de dénoncer les pratiques douteuses de certains journalistes. La profession a-t-elle les moyens, tant intellectuels que pratiques, de faire sa révolution culturelle ?
Appelé depuis des décennies par certains, sans cesse condamné par les patrons de presse et d’autres journalistes (difficile honnêtement de savoir qui veut quoi ?), l’idée d’un ordre des journalistes ou d’un conseil de presse est un véritable serpent de mer. Alternant le besoin de « contrôler » des dérapages excessifs comme l’affaire d’Outreau, mais revendiquant la sacro-sainte liberté de la presse, les journalistes ne cessent d’hésiter entre autorégulation et instance de contrôle. Si les médias sont prompts à dénoncer les erreurs judiciaires ou les dérives politiques, ils sont moins engagés dans le règlement de leurs propres errements. Se plaçant bien souvent au-dessus des lois (la protection des sources et l’engagement de citoyenneté des journalistes), les rédactions des médias voient d’un assez mauvais œil, la création d’une instance de régulation qui encadrerait les propos. Pour certains se seraient un retour à une forme de censure déguisée. Pour d’autres, ils y verraient enfin une sortie à un dénigrement récurrent des médias dans la société française et bien que le dernier sondage TNS pour la Croix soit relativement moins mauvais qu’attendu. Laurent Joffrin (Nouvel Obs) y verrait une forme de résistance aux propriétaires de presse et aux annonceurs ainsi qu’une une velléité d’indépendance renforcée. Et 66% des Français estiment que les journalistes ne sont pas indépendants, (+2% par rapport à 2012)… Il est donc probable qu’une instance d’auto-régulation des médias permettrait de redonner de la confiance en une profession qui mélange parfois allègrement les genres comme le dénonce Serge Halimi dans les Nouveaux chiens de garde. La collusion répétée entre industriels, politiques et journalistes plombe la crédibilité des journalistes au sens large et sans discernement. Difficile pour le citoyen de s’y retrouver. Mais on a la presse qu’on mérite…